DOSSIER NUCLÉAIRE. En permettant de produire de l'électricité à faibles émissions de gaz à effet de serre (GES) et de réduire la dépendance aux importations d'hydrocarbures, l'énergie nucléaire voit son rôle renforcé dans le bouquet énergétique, même dans des pays comme la France où l'usage de l'atome faisait débat ces dernières années. La multiplication des projets va pousser la demande d'uranium, le minerai qui, une fois enrichi, constitue le carburant du réacteur. Un marché qui, de la mine jusqu'à la centrale, reste maîtrisé par l'ensemble des acteurs.
Témoin du retour en grâce du nucléaire, la multiplication des projets de centrales à travers le monde va accentuer la demande d'uranium, le minerai qui fait carburer les réacteurs. Avec, pour corollaire, une question : l'industrie nucléaire, notamment en Europe, ne risque-t-elle pas de tomber dans une nouvelle dépendance ?
Cette concentration se retrouve également chez les compagnies minières, dont le nombre est peu élevé. 100 ans de consommation assurée Actuellement, la production est suffisante, voire en surcapacité. Certains gisements, mis récemment en exploitation, ont même dû réduire leur production. Les réserves couvrent largement les besoins, indique l'Agence internationale de l'énergie atomique .
En comparaison, la diversification géographique et géopolitique de l'uranium est plus importante que pour le pétrole et le gaz, puisque 44% de ses réserves sont situées dans des pays de l'OCDE, contre 15% pour le pétrole et 10% pour le gaz. « C'est un marché libre, où l'objectif est avant tout économique. Il n'y a pas d'Opep de l'uranium », résume le spécialiste.
Quant aux compagnies, que ce soit Orano , Cameco , ou encore, Kazatomprom, elles ont une approche économique classique du secteur minier, même si la dimension stratégique est également prise en compte. Autrement dit, si elles perdent de l'argent, elles réduisent l'exploitation. S'il existe un marché spot de l'uranium dont les échanges sont dominés par des traders et des négociants, c'est plus un benchmark qu'une place de livraison, contrairement au marché des non-ferreux de Londres, le London Metal Exchange , qui stocke l'offre physique. En effet, l'uranium est en large part directement vendu aux groupes électriciens qui ensuite achètent des prestations de conversion et d'enrichissement.
Le minerai, concassé, purifié et concentré, prend la forme d'une pâte jaune, le fameux « yellow cake » , un minerai contenant 80% d'oxyde d'uranium. Puis, il subit une opération de « conversion » qui le transforme en cristaux solide UF6 , avant d'être « enrichi ».
« La France est donc peu exposée, du fait de la maîtrise de l'ensemble des briques technologiques, dans l'amont du cycle avec les mines, les usines de conversion, d'enrichissement, et avec Framatome pour la fabrication du combustible, et même, l'aval du cycle avec le recyclage », souligne Nicolas Maes.
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